Les temps de pluie Le ciel ruisselle sur
Soir de pluie "Sur l'eau d'un vitreux mat, vert
Soir de pluie
"Sur l'eau d'un vitreux mat, vert bouteille foncé,
Des ronds, comme au compas, sont tracés par la pluie,
Chacun d'eux, forme frêle à l'instant même enfuie,
Étant par un semblable aussitôt remplacé.
Et puis, ce ne sont plus que des ombres de cercle,
Des fantômes de ronds toujours plus affaiblis
Sur le moutonnement, les plis et les replis
De l'eau vague où le soir met son brumeux couvercle.
[...]"
Maurice Rollinat, "Paysages et Paysans"
Poésie sur Creuse (final)
09,10,11,12 mai
Guéret, Savennes, Saint-Christophe,
le Moutier d'Ahun, Sardent
Festival pliant en poésie et chanson
"De cette feuilledite viergeque sortira-t-ilUn
Vécu dans un poème Vécu dans un poèmeVu des gens
Vécu dans un poème
Vécu dans un poème
Vu des gens qui écrivaient
Vu un homme qui contait
Entendu les chanteurs
Trouvé le monde derrière les grilles
Reconnu la chanson
Ecouté les femmes
Ecouté les savants
Marché dans le noir parmi les arbres
Goûté cette guitare
Tenté une palabre
Partagé un repas
Reconnu le poète
Refermé le livre
Oublié le poème
Retrouvé le monde édenté
A n’y rien jamais comprendre
A n’y rien jamais comprendre
Jamais comprendre
Jean-Paul Raffel, "Bordures du Champ secret"
Profondeur Avec son autorisation, je reproduis
Profondeur
Avec son autorisation, je reproduis ces extraits du message d'un ami :
Cher Alan,
Je rentre du Festival Pliant. Ce fut un moment extraordinaire, au sens littéral du terme. Nous y avons lu de nombreux poèmes [...]. Cette lecture s’est faite en divers endroits, notamment en prison et en forêt. Émotions d’une rare intensité. Je me rappellerai toute ma vie la rencontre avec les détenus de la maison d’arrêt de Guéret, leurs textes, lus par eux-mêmes ou par des visiteurs (nous avons chanté, aussi) [...] ; le parcours poétique, à la tombée de la nuit, dans la forêt de Chabrières [...] ; le banquet déclamé, en présence d’Abdellatif Laâbi, qui nous a ensuite tenus sous le charme de sa voix et de ses vers libres, profonds, stimulants. Nous étions accueillis par l’espace culturel de la Métive, nom qui signifie la moisson, et vous auriez aimé, cher Alan, cette fête, non pas seulement célébration, mais engagement. Ce fut politique. Le Champ secret montrait là ce qu’il est essentiellement, un lieu où la différence se pense et se vit loin de tout narcissisme et de tout communautarisme. Ce qui nous réunissait, c’était une foi raisonnée en l’homme, le refus des dogmes et des modes, et d’un modèle économique délétère ; la volonté de rester autant que possible, et jusqu’à notre dernier souffle, lucides, et maîtres de notre avenir, sans rien abdiquer de notre responsabilité ; l’amour de la vie et de ses plaisirs, à commencer par celui que procure l’harmonie.
[...]
Avec tous mes encouragements pour votre nouvelle entreprise d’écriture, et dans l’impatience de vous lire,
Fraternellement,
Éric Ardouin
Eric Ardouin, cité chez "Alan Bathurst"
Historiette Je peux finir le chapitre ?Je
Historiette
Je peux finir le chapitre ?
Je voudrais tant savoir
D’Artagnan, Milady
Et le secret d’Athos
Encore une page s’il te plaît
Rien qu’une ligne et j’éteins
Pourquoi devrait-il quitter
Cette histoire plus vraie que la vraie
D’amis plus sûrs que les siens
D’une vie plus claire que la vie
Sous l’abri frêle des draps
Lampe de poche à la main
L’enfant résiste, les yeux las
Il faudra bien plonger pourtant
Froid peur noir je ne sais pas
Les monstres de la nuit l’attendent
Un jour, longtemps après
Quand tout sera fini
Ou presque
Le souffle court
Il suppliera toujours
Un moment s’il vous plaît
Rien qu’une heure
Pourquoi doit-il quitter
Les amis changeants qui enchantent sa vie
Sa vie si claire en cet instant
Et l’histoire bigarrée qui s’est par lui écrite
Si vraie, trop vite
S’il vous plaît
Encore un paragraphe
Rien qu’un mot un regard
Une bouffée
Une seconde
Alice Calder, "Bordures du Champ secret"
Clair de lune ApesanteurCimes mêléesL’air est un
Clair de lune
Apesanteur
Cimes mêlées
L’air est un fluide je nage
Sentiers de plénitude
Voyageurs du large
Silhouettes à l’encontre du familier
Se perdent
Réapparaissent
Toits indistincts
Clairs et blancs
Et tous ces rires d’enfants
S’égaillant au bercail
Leur amour d’eau-vive
Par les chemins de traverse
Cimes mêlées
Jeux à l’orée des mirages
Apesanteur.
Camille Pioz, "Bordures du Champ secret"
La fumée Assise au bord de l’eauelle fronce les
La fumée
Assise au bord de l’eau
elle fronce les sourcils
quelque chose en face
a bougé
Comme les vagues
des souvenirs viennent lui flairer les pieds
des bons
des moins bons
Loin devant elle
une fumée monte des arbres
Tout près d’elle
des oiseaux s’envolent
Un jour
dans ce qu’il faudra de lunes
elle aussi traversera
Pour l’instant
le vent qui se lève
emporte ses larmes
Alan Bathurst, "Bordures du Champ secret"