Souvenir
Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.
La photo n'est pas en noir et blanc. C'est la nature qui porte le deuil. (fw)
Lavis Sacré godet quelque génie de la barbouille
"La mort de l'arbre est exemplaire elle est utile
conte à rêver debout laissons la mare au diable à
conte à rêver debout
laissons la mare au diable
à ses crapauds ampoulés
les ronds dans l'eau
ont fini par épuiser nos tristesses
le ploc d'un petit caillou
fait trembler une gamme sonore
sur la vitre
entre les gouttes s'épanouit le lobe vert
d'un nénuphar
toute ouïe
l'eau stagnante est à l'affût de la libellule
transparente et bleue
andrée wizem
Cette heure-ci Souvent vers cette heure–ci, je te
Cette heure-ci
Souvent vers cette heure–ci, je te téléphonais
Et toujours le dimanche
Faut-il jeter des cailloux dans l’eau noire ?
J’ai mal de ta voix qui sans savoir savait
Toujours, c’est en novembre
L’ombre sourd des mares, des flaques et de l’étang
L’ombre sort des murs et je t’entends
Qui sans savoir savait
Mais oui, c’est moi, c’est moi encore
Caillou perdu depuis longtemps qui sans cesse refait l’onde
Jean-Paul Raffel
"C'est pourquoi - je l'ai dit - je m'attache aux
"C'est pourquoi - je l'ai dit - je m'attache aux reflets éphémères. J'y trouve une consolation. Je leur suis comparable, en quelque sorte voisin ou frère, même si je ne leur ressemble pas.
Des amis me sont morts, et beaucoup de parents. Je les salue sereinement, je leur offre un sourire, comme l'on peut sourire à l'aurore, au jardin, aux frondaisons de mai mousseuses d'ombres."
Cèpe de Chamberaud
Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.
Fini le temps des balades insouciantes. Il nous faut baisser les yeux. Et faire le tour des coins. (fw)
l'escalier de chêne pommeau de bois chantourné un
"Quelquefois, nous partions toutes trois à
"Quelquefois, nous partions toutes trois à travers les châtaigneraies chercher des champignons. Nous négligions les fades champignons des près, les filleuls, la barbe-de-capucin, les girolles gaufrées; nous évitions avec soin les bolets de Satan à la queue rouge, et les faux cèpes que nous reconnaissions à leur couleur terne, à la raideur de leur ligne. Nous méprisions les cèpes d'âge mûr, dont la chair commençait à s'amollir et à proliférer en barbe verdâtre. Nous ne ramassions que les jeunes cèpes à la queue galbée, et dont la tête était coiffée d'un beau velours tête-de-nègre ou violacé."
Simone de Beauvoir, "Mémoires d'une jeune fille rangée"