Comme la pierre à la feuille s’opposeLa vie
Le pic noir Parlez-moi des collinesLa sauvagine
Le pic noir
Parlez-moi des collines
La sauvagine est là
Les banquettes de pierre sèche
Et puis l'ami là-bas
Le village de Fransèches
La Marianne au pilier
Les pâtures, les halliers
Dans l'alvéole plus bas
Parlez-moi
Parlez-moi du pic noir
Qu'on ne trouvera pas
De son cri dans le soir
Et de l'ami là-bas
Reflètez-moi l'étang
Ciel verso, ciel endroit
Et la route en rêvant
Où se sentir chez soi
Parlez-moi
Gardez chaque mystère
sans rien dire, cette fois
Parlez-moi de la terre
Comme l'ami là-bas
C'est la pierre foyère
L'âtre et l'âme du bois
Montrez-moi la bruyère
La lande d'autrefois
Parlez-moi
Vingt et mille paysages
Un livre dans les bois
Un signe à chaque passage
C'est de l'ami là-bas
D'Antarioux en Brutine
Parlez-moi des collines
Et la brume des fonds
Creuse encore l'horizon
Parlez-moi
Au pont de Saint-Martial
Le temps mis à l'envers
Jusqu'à la fin du bal
Grâce à l'ami là-bas
Parlez-moi de retours
De cœur à ciel ouvert
De vie par le grand tour
De la mer au béal
Parlez-moi
Parlez-moi du pic noir
Qu'on ne trouvera pas
De son cri dans le soir
Et de l'ami là-bas
Il y a ceux qui paraissent
Il y a ceux qui ont
Il y a ceux qui vivent
Il y a ceux qui sont
Jean-Paul Raffel
« Nous le savons, l’eau et la vie coulent d’un
« Nous le savons, l’eau et la vie coulent d’un sens que rien ne contrarie, en dépit des plus rares contraintes. Et jamais rien ne recommence, ni le bonheur, ni l’expérience, ni les plus infimes sollicitations, les poussières les plus dérisoires, ni rien qui soit le même, une seconde fois. »
Marcelle Delpastre, « Cinq heures du soir »
Lueur Tiens, une échappée Je croyais pourtant
Lueur
Tiens, une échappée
Je croyais pourtant qu’il n’y avait aucune issue
Il faudra tout considérer autrement
A commencer par
La vie
Notre photographe révèle
Quelque vérité enfouie
Dans son regard
Et se rassure d’un détail
C’est qu’il ne fait jamais nuit partout
Au même moment
C’est déjà un peu de bonheur neuf pour ce soir
Même avec les yeux grands ouverts
Jean-paul Raffel
Bientôt près de l’automne BientôtPour contempler
Bientôt près de l’automne
Bientôt
Pour contempler ma vie
Je m’étendrai près de l’automne
Pensées, douces pensées
Mots d’amour
Souffles à peine prononcés
Paumes ouvertes effleurées
Battements de cils
Lettres, billet doux, tendresses
Remonteront le fil
Murmure et la nuque offerte
Retenez-moi ici sur l’herbe
Un instant
Pensées douces pensées
Doucement près de l’automne
S’envolent des étangs
Jean-Paul Raffel
L'élan d'une passante Ce sera iciUn étang entouré
L'élan d'une passante
Ce sera ici
Un étang entouré de forêts
Une eau sombre, le reflet des arbres
Le reflet du ciel sur la surface lisse
Bien sûr on peut s'y tromper
Il suffit de se coucher dans l'herbe
Fermer les yeux
Songer aux miroirs
Tout peut s'inverser
Ce sera ici
Je ferai venir
Mes compagnons de route
Les visages de mes amis
Le sourire du voisin
Un matin en novembre
L'élan d'une passante
Son vélo de Hollande
Un étang ou la source des rêves
J'y ferai venir
Mes promeneurs des jours heureux
Toi, pieds nus sur la berge
Un matin de juillet
J'y ferai venir
Mes promeneurs de la nuit
Mes nuits sans plus personne
Les bruits du silence
Les mouvements sans forme
Les remous et les souffles
Multipliés entre l'étang, le ciel
La mémoire et les peurs.
J'y laisserai glisser
Ma main et mon visage
Le bras qui t'enlaçait
Mon corps tout entier
Enfin la vie mise à l'envers
Regarder vers le ciel le ciel qui se dérobe.
Jean-Paul Raffel, "Dormir la fenêtre ouverte"