Les couleurs sont éteintes, la forêt est en veille.
Les arbres étirent longuement leurs branches en soupirs résignés.
C'est le temps de l'attente et toute hâte est vaine.

Ariane Adam

Dans la forêt magique
Les couleurs déambulent
Gris mauve et lueurs pâles
Destinée incertaine
Oubli ou renaissance
La nuit se peuple...
Dans sa robe couleur du temps
Peau d'Ane rêve...

Maria Ardouin

La nuit est dense de silence et de souffle retenu.
Tout frémit d'attente.
C'est l'heure suspendue dans ses couleurs et dans ses ombres.
Et puis le cri déchire, vibre, rauque et intense
Douloureux comme l'amour absolu.
C'est la nuit du brame.

Ariane Adam

Reste debout jusqu'au bout de la nuit,
Entends le premier cri de l'oiseau sentinelle.
Lève les yeux :
La première clarté ébauche les contours.
C'est l'heure des ombres estompées,
Des couleurs révélées,
Des regards d'horizon.
Le temps de tous les possibles.
L'aube est toujours nouvelle.

Ariane Adam

L'onde accroche en tremblant les couleurs d'un ciel qui se déchire plus tard, se referme plus tôt.
Depuis longtemps déjà, les lampes sont allumées.
Et l'automne qui vit ses derniers jours s'étonne de frissonner si peu.

Ariane Adam

Inextricable tremblement des couleurs mêlées
L'étang le ciel et les arbres
Ensemble
Dans nos yeux qui les inventent
Dans l'urgence de leur beauté.

Maria Ardouin

Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

Bleu du ciel. Vert de l’herbe. Arbre blanc auprès de ses frères gris. Rien de plus. (fw)

"Ici les couleurs sont un alphabet nouveau
une musique aux mains jointes
un atelier de joies et de frémissements

Nul n'était encore
venu en ce lieu de transparence
[...]"

Lionel Ray, "Pages d'ombre", Gallimard

"Le "cassé-bleu" c'est absolument merveilleux, au bout d'un moment la mer est rouge, le ciel jaune et les sables violets, et puis cela revient à la carte postale de bazar, mais ce bazar-là et cette carte, je veux bien m'en imprégner jusqu'au jour de ma mort. Sans blague, c'est unique René. Il y a tout là. Après on est différent."

Nicolas de Staël, Lettre à René Char, 23 juin 1952

Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

L'étang reste troublé, mais reprend couleurs. (fw)

                                                                                                                                                                                              à Gaspard