Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

Le vent et l'arbre; souffle et tremble. Trouble (fw)

"Je n’entrerai pas dans votre coeur pour limiter sa mémoire. je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir. je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable."

René Char, "Fureur et mystère"

"La solitude est bien l'hôtesse
Qui convient à ce lac profond :
Son saule unique et lui se font
Le vis-à-vis de la tristesse.

Immobiles ou se mouvant
Ils joignent leurs mélancolies,
Par les froidures, sous les pluies,
Dans le soleil et dans le vent.

[...]"

Maurice Rollinat, "Paysages et paysans"

"Comme le vent creuse l'étang de sa morsure, comme le vent fouille la neige ou fait tourner le sable en roses de rocher, la mémoire des mortes amours fige les belles eaux."

Marcelle Delpastre, "Le chasseur d'ombres et autres psaumes", Edicions Dau Chamin De Sent Jaume

Songe

Une pensée de nacre s'ourle
au pourtour du pinceau qui touille
ample la crème et l'éjouit
comme fait l'âme de l'enclume
la valse en larmes de la plume
tombée des nues à leur premier
tout premier
tremblement

Alan Bathurst

"[...]
tu me ravages comme les tourmentes des forêts rageuses
et parfois je me traîne et parfois je rafale..."

Gaston Miron, "L'homme rapaillé", Poésie/Gallimard

Le puits renvoie de la lumière
Toutes les femmes s’y penchent
Mais leur reflet ne remonte pas
La tâche quotidienne les mèches en bourrasque
Le seau replonge avant leur geste
Porté par les usages
Chaînes autour du mandrin
La sueur sous le bras nu
Une robe légère à tous petits carreaux
Voilà, l’eau se reforme un visage
J’y cache mon trouble avec la plongée du seau

Jean-Paul raffel

Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

On dirait la nuit. La lune et les étoiles. Et la rivière. On dirait. (fw)

Théâtre

Hautes gâtines rendez-moi les nuits
de mes anciens éblouissements
rendez-moi mes barreaux mes privilèges
mes caves mes cages
ces immortels tigres des neiges
ranimez-les
qu’au fond des gravures
des Indes noires
comme une lune romantique
s’éclaire le mystère du papier

Alan Bathurst

"Les balançoires
accrochées aux étoiles
sont les plus solides"

Abdellatif Laâbi, "L'automne promet", Editions de la Différence