A John, Peter, William et les autres...

Roses étaient les fleurs de vos jardins anglais, écossais ou gallois que les femmes ont cueillies, en deuil pour toujours.
Bleu, le ciel aperçu l'ultime seconde avant de fermer à jamais vos yeux sur l'horreur, la douleur et l'indicible.
Noire, la terre qui vous a recouverts, celle de mon pays où vous reposez maintenant, petites stèles gravées, alignées en rangs d'honneur.
Vous êtes tombés chez moi, vous n'aviez choisi ni mon ciel ni ma terre pour mourir.
Mais je choisis la rose que je déposerai pour vous.

Ariane Adam

 Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

Parfois la Creuse divague ; se rêve fleuve et s’invente des tempêtes. (fw)

Lave de neige et feu de glace
Dans la marmite du temps
Les eaux se réinventent
A nos yeux sidérés
Par la puissance du monde.

Maria Ardouin

L'alchimie de la photographie
Transforme en beauté pure
Le flot prosaïque de la Creuse
Ainsi le torrent devient le tourment
Et mystérieusement par infusion lyrique
Des enfants décolorés pêchent 
Des brochets ou des poissons-chats
Qui dans un frisson de lumière
Deviennent poésie et mélancolie 

Julien Hoquet

Un jour, l'émotion est trop forte, la colère trop puissante, la vérité trop crue.
L'esprit s'affole, le coeur s'emballe, les sens s'enflamment. 
Et la rivière familière jusqu'alors paisible et docile,
Déborde en cascades, bouillonne sa fureur, lâche ses flots en sanglots tonitruants.
L'existence résignée, la vie contenue, toute honte bue, toute pudeur laissée,
Crie sa révolte au ciel indifférent,
Lance sa violence aux arbres stoïques et patients.
Incrédule et surpris, le monde alentour murmure:
"Qu'est-ce qu'il lui prend? Ça lui passera..."

Ariane Adam

Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

Aux portes de novembre, le pont tremble. (fw)

Aux portes de tes bras
Nos cœurs tremblent
Funèbre novembre
Comme des cicatrices d'étoile
Au ciel maussade
Nous traversons la vie
Pareils à des naufragés 

Julien Hoquet

Blanc devant
Noir qui barre
Gris infini
Les grilles du temps
Tombent
Sur nos mémoires
Sur nos tristesses
Qui vont pâlir...

Maria Ardouin

Chaque fin de semaine, une photo. Un poète, passant par-là, s'en inspirera peut-être. Ou peut-être pas.

Deux arbres qui voudraient cacher la forêt. Une goutte d’eau dans l’étang. (fw)

Deux arbres en sentinelles
Debout à tous les vents
Rêvent du bois dormant
Bien au fond de l'étang
Dont les eaux lourdes veillent.

Maria Ardouin