Bleu blanc noir
Papier chagrin
Noir blanc bleu
Le manque en creux
Absence et deuil
Papier cercueil
Mais l'amour bat
Qui veille au grain
La vie qui va
Au ciel du soir.

Maria Ardouin

Fracas du regard 
Dans l'espace impossible
Magma de stuc
Et filets d'eau
Souterrain à ciel ouvert
Je me décompose 
Et me réinvente
Toute d'ombre et de lumière.

Maria Ardouin

Demande-moi la route
Je te la donne toute!
Elle danse un bleu lointain
Tortille son popotin
C'est par là le printemps?
Cherche bien, il t'attend
Dans quelques pirouettes...

Maria Ardouin

Arbres et feuilles prêts à sombrer
Dans une colère bleu acier
Dans les remous des indignés
Bientôt le grand coup de balai?
On peut rêver, et sans délai
Qui sait, si le ciel est inquiet...

Maria Ardouin

Glaçons moelleux soyeux
Remous immobiles
Lumière noire des cieux
Etoiles fixes qui filent
Comment saisir un tel frisson?
Je gèle et brûle à ma façon
Face au mystère de la matière
A sa permanence éphémère.

Maria Ardouin

Si les poissons ont peur du noir
L'hiver leur bâtit un miroir
Tout de glace
A la surface
Si les algues ont froid dans l'étang
L'eau les protège de son écran
Tout de lumière
Manteau de verre
Et moi je dors
Je rêve encore...

Maria Ardouin

Et avec ça,
Une boule vanille?
Non surtout pas,
Petite fille!
Un chocolat,
Bien chaud bien noir!
J'ai bien trop froid
Dans ma mémoire!

Maria Ardouin

Prête-moi tes écorces, dit l'eau à l'arbre
Que je fasse onduler les feuilles que tu n'as plus
La vie dort dans nos mémoires
Dans nos histoires.

Maria Ardouin

Périmées
Siphonées
Les vieilles couleurs du temps
Les belles et les moins belles
Nous lancerons de nouveaux ciels
Jamais les mêmes, toujours vivants
Déployés
Etonnés.

Maria Ardouin

Les sapins broient du noir
L'année s'achève
Plus de guirlandes d'histoires
Plus de boules de bonheur
Mais dans le ciel c'est l'heure bleue
Le jour se lève…

Maria Ardouin