Bordures Le hauban du bonheur, l’étrange
Bordures
Le hauban du bonheur, l’étrange cliquetis des élingues, l’éclat de rire dans la ria, le flop du foc quand on abat, le grain de sel sous ton aisselle – ton air de rien, ta chute de reins, ton ras des seins, ton pull marin - la coque qui cogne, le ponton qui craque, le boute, la bitte, les bottes en caoutchouc, le mouillage au crépuscule du bord de l’eau. Bord de l’Odet.
L’éclaboussure de la rivière, les insectes autour du verre de blanc sec, la palpitation de l’air et sa poussière de paille, le hamac entre deux soleils et l’alambic du sommeil - le temps volatil, le temps volé, le temps filtré, le temps du flirt – juste une goutte de bonheur, dans une gargote, avant qu’on se quitte, dans le crépuscule du bord de l’eau. Bordelais.
L’ascension du désir, la crête entre deux précipices, précisément sur le fil de la quête, une rasade de bonheur sur une lame de rasoir - dans l’instant, dans l’attente, dans l’intense, dans l’état de latence – la douce ivresse de l’équilibre, le doute, le non-dit, la litote, entre ni oui ni non, entre deux eaux, entre chien et loup, au bord du crépuscule. Borderline.
Jean Pauly