La vermine et le temps Toutes les maisons vides
La vermine et le temps
Toutes les maisons vides un jour se vident
Leurs matrices expulsent le dernier souvenir
L’enfant mort vieux qui guettait son soupir
Les chevaux morts debout dans l’écurie
La malle-poste et le souffle d’un équipage
J’arrivai en chantant à la petite ferme
Jean me tenait l’épaule il nous restait du vin
La nuit il ne se passa rien
Cri de chouette, porte battante à la grange
Froid vif assez pour se recroqueviller
Toutes les maisons vides ont ce souffle tiède
Elles sentent le champignon
Nous sommes partis à l’aurore laissant nos corps
Nos corps dormir dans la paille
D’une maison à l’autre nous roulons avec le silence
Ce qui fait craquer le bois c’est la vermine et le temps.
Jean-Paul Raffel, "Dormir la fenêtre ouverte"